Le Style Binh Dinh
L’Ecole Kung fu Binh Dinh trouve sa double origine dans les arts martiaux vietnamiens de la région de Binh Dinh et les boxes Shaolin du sud de la Chine connues en Europe sous le nom de Kung-Fu.
Littéralement le mot Kung-Fu (功夫) signifie « maîtrise par le travail » mais est souvent traduit de différentes manières plus poétiques. « Avoir du kung fu » n’est donc pas l’apanage des pratiquants d’arts martiaux. Un cuisinier, un peintre, etc… peut avoir du kung fu s’il excelle dans sa pratique et parvient à un haut degré de maîtrise de son art.
Le terme chinois pour désigner l’art martial serait plutôt Wu shu (武术, art de la guerre). Pour les viet-namiens, on parle de Vo thuat. En Chine comme au Viet-nam, il existe une multitude de styles plus ou moins connus, plus ou moins répandus et plus ou moins anciens.
Les écoles se réclamant des Vo thuat Co Truyen sont nombreuses et diverses au Viet-Nam. Elles s’inscrivent le plus souvent dans la lignées de deux grands courants de pratique. L’un se nomme Thieu Lâm (littéralement Shaolin) et l’autre se nomme Binh Dinh et fait référence à la région centrale du Viet nam du même nom, berceau des arts martiaux traditionnels de ce pays.
Le courant Binh Dinh est très lié à l’histoire du Viêt-nam et aux événements qui se déroulèrent dans la région. De l’émergence d’un style en tant que tel au 15ème siècle à nos jours, en passant par la révolte de Tây Son et la lutte contre l’invasion française, les arts martiaux de Binh Dinh ont connu de nombreuses évolutions et ont contribué à l’histoire de ce pays. Ils connurent leur apogée à la fin du 18ème siècle suite à la révolte de Tây Son en devenant le style de référence que tout soldat se devait de pratiquer pour défendre le royaume. Puis ils traversèrent une période de clandestinité à partir du début du 19ème qui entraîna d’importantes déperditions dans le style.
C’est sans doute à la suite de cette période qu’émergèrent les nombreuses Ecoles que l’on retrouve aujourd’hui, dont nombre de styles dit « familiaux » transmis uniquement dans le cercle privé de la descendance. Quelques écoles issues de ce courant se sont développées en France (Vo Binh Dinh, Sa Long Cuong, Tinh Vo Dao, et bien d’autres).
L’Ecole Kung fu Binh Dinh de Me Tran Thanh est l’une d’elles et trouve ses racines dans un de ces styles familiaux provenant de la province de Binh Dinh. L’histoire commune, durant plusieurs siècles, de la Chine et du Viêt-Nam, se retrouve dans notre Ecole. Selon l’idée que l’art martial ne doit pas être figé, Me Tran y a ajouté la dimension « interne » des boxes Tai Ji Quan (style Chen) et Yi Quan pour élaborer cette synthèse.
Le Kung fu Binh Dinh est donc un art martial sino-vietnamien imprégné de Bouddhisme et de Taoïsme, insistant sur le combat rapproché et privilégiant l’utilisation des coudes et des genoux. Son étude et sa pratique permettent progressivement d’approfondir la compréhension:
- De l’art du combat à mains nues, contre un ou plusieurs adversaires (aspect tactique), par impacts, projections, saisies, luxations (chinna) et poussées de mains (tui shou).
- De l’art du combat avec armes traditionnelles, (en particulier le bâton long)
- Du Qi gong, ensemble de techniques respiratoires, énergétiques et méditatives visant le renforcement du corps, le développement de la vitalité et le contrôle émotionnel.
Il repose sur une mobilisation rationnelle du corps dans le respect des forces naturelles et physiques, des lois de la biomécanique, des phénomènes émotionnels et énergétiques. Il vise à rendre le pratiquant confiant et vigilant en combat et capable de se réaliser tout en respectant son corps. C’est une pratique de longue vie.