Le successeur : Yao Zong Xun (1917-1985)
J’ai honte de n’avoir pas pu atteindre le sommet de l’art de la boxe et je peux qu’espérer que la prochaine génération y réussira. Je donne à mon élève Yao le nom de Jixiang, pour exprimer cette intention. Il était pauvre et n’avait aucun support depuis son enfance, alors, je l’ai pris sous mon aile. Il est part nature, un lettré, mais n’est pas un rat de bibliothèque. Ouvert d’esprit et audacieux, peu de gens à travers le monde peuvent rivaliser avec lui. Avec un élève comme Yao Zongxun, je sais que ma voie ne sera pas perdue. J’espère qu’il fera les efforts supplémentaires nécessaires à l’accomplissement du rêve de notre nation. Je souhaite qu’il se consacre à cette cause afin que les gens bénéficient de son art. Je souhaite plus que tout qu’il ait la persévérance pour traverser une centaine d’épreuves tout en se tenant à ses nobles aspirations. Je suis secrètement fier de lui et je déteste voir que des gens médiocres se mêlent à des personnes si exceptionnelles, comme des démons se glisseraient au sein d’un groupe de dragons. Je pense que quelqu’un avec une aspiration aussi élevée que celle de mon fils peut soumettre un tigre, tout en restant aussi modeste et gentil qu’un chat.»
C’est ce qu’écrivit Wang Xiangzhai sur un éventail à l’intention de Yao Zongxun lorsque celui-ci devint officiellement son successeur.
Me Yao Zongxun est né à Hangzhou dans la province de Zhejiang en 1917 mais a passé son enfance à Pékin. Il étudia la littérature à l’université de Pékin dont il est diplômé et vécu toute sa vie dans la région.
Très jeune, il est attiré par les activités sportives occidentales et les arts martiaux chinois. A 16 ans, il devient élève de Me Hong Lianshun, un célèbre professeur de boxe de Pékin, pour apprendre le Tantui et le Xingyiquan. Il devient rapidement le disciple de Me Hong.
C’est à l’automne 1937, alors que Wang Xianzhai est revenu à Pékin que Me Hong Lianshun, vint le défier. Ce dernier fût vaincu et lui, ainsi que ses disciples, dont Yao Zongxun, devinrent élèves de Wang. Totalement absorbé par la compréhension de l’art du poing et grâce à une pratique assidue et une étude approfondie des principes de la boxe, il ne fallut que 3 ans à Yao Zongxun pour devenir un des meilleurs élèves de Me Wang.
En 1940, Me Wang qui le considère comme son fils, le nomme successeur et lui donne le surnom de Ji Xiang (le successeur de Xiang) et lui offre symboliquement un costume de démonstration. Depuis ce jour, Yao Zongxun remplace Wang quand celui-ci est absent, relève les défis à sa place et enseigne.
Entre 1940 et 1948, Yao Zongxun remportera plus de 80 défis contre de célèbres pratiquants de tout style, Chinois ou étranger. L’un des plus médiatisés et qui faillit mal se terminer fut celui qui l’opposa à Wu Peiqing un célèbre pratiquant Xingyiquan. Citons encore son combat contre Watanabe, un expert en boxe et en Tae Kwon Do qui dira de lui « même un maître 8 ou 9ème dan de kendo ne peut me vaincre d’une manière aussi nette et impeccable». Ses combats lui apportèrent une réel renommée dans la capitale ainsi que le titre de Jeune Maître.
Dans ses échanges avec d’autres pratiquants Me Yao était toujours poli et modeste dans son attitude, calme et faisait preuve de contrôle de sa force en combat tant et si bien qu’il s’attirait l’admiration et le respect de ses visiteurs. De nombreux maîtres d’art martiaux devinrent amis avec Me Yao après avoir échangé avec lui. Droit et honnête, il détestait toute attitude malveillante. Au milieu des années 40, il fut souvent engagé dans des conflits avec un gang local pour défendre les gens et leurs biens. On parla beaucoup à l’époque de comment il dirigea le mouvement qui punit sévèrement Gao Yanwang et son gang des “36 amis” qui sévissait à Pékin.
Durant la période de la révolution culturelle, Yao Zongxun et sa famille sont envoyés pour travailler à la campagne, près de Changping, au Nord de Pékin. Même Durant cette période extrêmement peu favorable il continua à s’entraîner et à enseigner à ses fils jumeaux, Yao Chengguang and Yao Chengrong.
A la fin des années 70, Yao revient à Pékin et commence à diffuser largement son enseignement du Yi quan dans de meilleures conditions. Ainsi, le 21 octobre 1984, Yao Zongxun crée-t-il l’Institut de Yi Quan de Pékin avec le soutien du Comité des Sports de Pékin et de la Wushu Society.
Maître Yao Zongxun est mort en 1985, laissant la succession à ses fils. En 1985, son livre « Yi quan » est publié à Hong Kong grâce au soutien de M. Huo Zhenhuang, vice-President de l’Asia Wushu Union. Quatre ans après sa mort, en 1989, son livre sera également publié en Chine par le Beijing Sport college.
Yao Zongxun était un expert à l’esprit très ouvert. Il s’intéressait aux sciences ainsi qu’aux techniques d’autres écoles. Aussi, a-t-il toujours pris le meilleur de chaque style pour l’inclure dans la pratique du Yi Quan. Il disait à ses élèves: “Apprenez le Yi Quan ; si vous possédez d’autres techniques valables, gardez-les, mais appliquez-les à travers les principes du Yi Quan”. Il a ainsi enseigné à ses élèves la totalité de son savoir sans mysticisme ni superstition. Il avait l’habitude d’expliquer le Yi Quan avec des références empruntées à la sciences et à l’éducation physique.